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15/11/2013

Réalités de l'U.E. : sur Radio Espérance, Guillaume de Prémare répond ce matin à Mgr Pontier

"L’Europe supra-politique en question" :magritte8.jpg

  


 

 

<< Dans son discours de clôture de l’assemblée des évêques à Lourdes, Mgr Pontier a rendu un hommage appuyé aux institutions européennes, lesquelles « ne cessent de poursuivre leur évolution et leur adaptation aux dimensions prises par cette union européenne dont nous pouvons être fiers ». Et le président de la Conférence épiscopale d’appeler – dans la perspective des élections européennes de 2014 – à poursuivre l’œuvre commune : « Le moment est à nouveau venu de poursuivre ce beau projet porteur de paix et de solidarité entre les peuples ».

  

Il est permis d’avoir une autre vision. De Gaulle pensait que la construction européenne ne pouvait qu'être un grand "machin" ingérable dirigé de l'extérieur. L'histoire lui a donné raison. Elle a aussi donné raison à Chevènement ou Séguin par exemple, qui s’étaient opposés à la perte de souveraineté politique sur la monnaie, via un euro dirigé par une banque centrale indépendante.

 

Les affaires de la Cité, ce n'est pas principalement un grand dessein abstrait, c'est au contraire très terre-à-terre. Il s'agit d’abord de savoir qui est le patron - qui sont les patrons - et quels sont les grands principes de la souveraineté. Qui garantit les frontières ? Qui bat monnaie ? Qui lève l'impôt ? Qui protège la communauté politique ?

 

La construction européenne consiste à substituer - par étapes - aux principes de la souveraineté politique une souveraineté supra-politique - au-dessus du politique. Le résultat mécanique des transferts progressifs de souveraineté des nations vers l’Europe, c’est la lente agonie du politique lui-même. Et dans une souveraineté supra-politique, plus personne ne protège la communauté politique : la voici livrée aux appétits des prédateurs.

 
Alors, c'est qui le patron ? Regardons aujourd’hui la Grèce ou Chypre, nations frappées d’incapacité : le patron c'est la « troïka » Commission européenne - Banque centrale européenne - Fonds monétaire international. Voici le prince. Et ce prince, qui est-il vraiment ? C'est une oligarchie dominée par les intérêts financiers. Le prince, c'est le pouvoir de l'argent.

 
La construction européenne n'a que peu à voir avec la paix et la réconciliation entre les peuples. La paix a été acquise par la défaite totale de l'Allemagne et du nationalisme allemand. Puis ce fut la guerre froide et l'équilibre de la terreur nucléaire. La construction européenne n'a joué ici aucun rôle majeur, et pas davantage dans la chute du mur de Berlin. La construction européenne tient à la forte influence des convictions fédéralistes dans l’Europe d’après-guerre. C’est un processus commencé en 1951, avec la communauté économique du charbon et de l’acier.

 

Cette Europe des pères fondateurs – fondée sur « l’économique d’abord » - a ensuite détricoté, traité après traité, les souverainetés politiques. Aujourd’hui, elle est prête à se livrer au grand marché transatlantique, nouvelle étape de la domination des marchés, des banques et des firmes. Le renard libre dans le poulailler libre va pouvoir faire bombance comme jamais.

 

L’Eglise appelle volontiers à changer en profondeur le modèle économique. Elle a raison. Cependant, il y a, à mon avis, un préalable : reconstruire la souveraineté politique, non pas de l’Europe, mais en Europe. Et rebâtir ensuite patiemment – et autant que possible - une coopération entre nations européennes, Russie incluse. Lorsqu’on s’est trompé, il faut savoir reprendre l’ouvrage. >>

 

 

 

Guillaume de Prémare, Radio Espérance

chronique du 15/11/2013

 

 

 

 

 

00:00 Publié dans Eglises, Europe | Lien permanent | Tags : europe